Émigrer en Espagne : conséquences fiscales

Émigrer en Espagne a des conséquences immédiates et profondes sur votre situation fiscale. À partir du moment où vous devenez résident fiscal en Espagne, vous êtes imposable sur vos revenus et votre patrimoine mondiaux.

Cet article analyse les critères de résidence fiscale, la différence avec les non-résidents et l'impact sur votre planification successorale, les droits de succession et un éventuel retour en Belgique.

Quand êtes-vous considéré comme résident fiscal en Espagne ?

Vous êtes résident fiscal en Espagne si vous passez plus de 183 jours par an dans le pays ou si le centre de vos intérêts vitaux se trouve en Espagne. Il est faux de croire que seul l'enregistrement dans la municipalité (empadronamiento) compte ; les autorités fiscales espagnoles examinent la situation réelle.

Conformément à l'article 9 de la loi espagnole relative à l'impôt sur le revenu (LIRPF) et à la Convention de double imposition entre la Belgique et l'Espagne votre résidence fiscale est déterminée à l'aide d'une hiérarchie de critères :

  1. Résidence permanente : Où disposez-vous d'un logement permanent (achat ou location) ?

  2. Préoccupations liées au milieu de vie : Où se situent vos liens personnels et économiques les plus étroits ? (Où vit votre famille ? Où percevez-vous vos revenus ? Où gérez-vous vos biens ?)

  3. Durée du séjour : Où séjournez-vous le plus longtemps ?

  4. Nationalité : Si ces éléments ne sont pas concluants, la nationalité est le facteur décisif.

L'avis d'un expert : "Les autorités fiscales espagnoles (Hacienda) utilisent de plus en plus le big data et la consommation des services publics (électricité, eau) pour prouver que les étrangers séjournent effectivement en Espagne pendant plus de 183 jours, même s'ils ne sont pas officiellement enregistrés."

La présomption de résidence

Il existe une présomption légale selon laquelle vous êtes résident si votre conjoint et vos enfants mineurs vivent en Espagne. Cette présomption est réfutable, mais la charge de la preuve vous incombe.

Différence entre résident et non-résident

Le statut fiscal détermine l'étendue de votre obligation fiscale. La distinction est cruciale pour votre revenu net.

  • Résident fiscal : Vous êtes responsabilité fiscale illimitée en Espagne. Cela signifie que vous devrez payer l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPF) paie sur votre revenu global (y compris les pensions belges, les dividendes et les intérêts) et l'impôt sur la fortune sur votre patrimoine mondial.

  • Non-résident : Vous ne payez que le Impôt pour les non-résidents (IRNR) sur les revenus provenant spécifiquement de sources espagnoles (comme les revenus locatifs de votre maison de vacances ou les loyers perçus pour votre usage personnel).

Tableau comparatif de la situation fiscale :

Critère Résident fiscal (Espagne) Non-résident (Espagne)
Base Revenu et richesse au niveau mondial Revenus et patrimoine espagnols uniquement
Déclaration Modèle 100 (IRPF) Modèle 210 (IRNR)
Impôt sur la fortune Oui, sur le pouvoir mondial Oui, uniquement pour les biens/actifs espagnols
Obligation d'information Oui, modèle 720 (actifs étrangers) Non

Vous pouvez en savoir plus sur la impôt des non-résidents en Espagne.

Implications fiscales pour vos revenus et votre patrimoine

En tant que résident, vous êtes soumis à des taxes espagnoles spécifiques qui diffèrent du système belge.

1. Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPF) sur le revenu global

En Espagne, les taux d'imposition sont progressifs et peuvent dépasser 45% selon la région (Comunidad Autónoma).

  • Valeurs ajoutées: Les bénéfices réalisés sur la vente d'actions (y compris les portefeuilles belges) ou de biens immobiliers sont imposables en Espagne.

  • Les pensions : La convention de double imposition attribue généralement le pouvoir d'imposition des pensions privées à l'État de résidence (Espagne). Les pensions publiques (fonctionnaires) restent souvent imposées en Belgique.

En savoir plus sur l'imposition de votre pension et Sur les impôts espagnols sur les revenus locatifs.

2. Impôt sur la fortune et impôt de solidarité

L'Espagne est unique en Europe en raison de sa Impôt sur le patrimoine (impôt sur la fortune). En tant que résident, vous payez cet impôt sur votre patrimoine mondial net (biens immobiliers en Belgique, comptes bancaires dans le monde entier, actions).

  • Il existe des exonérations (par exemple, 700 000 euros pour le régime général + 300 000 euros pour les logements occupés par leur propriétaire), mais elles varient selon les régions (Madrid et l'Andalousie, par exemple, ont introduit des primes de 100%, bien qu'elles soient parfois annulées par l'impôt de solidarité nationale pour les grandes fortunes).

3. La Lex Beckham : régime d'avantages fiscaux pour les expatriés

Les salariés, les cadres et les nomades numériques qui s'installent en Espagne ont la possibilité d'opter pour la Ley Beckham.

  • Avantage : Vous serez imposé comme non-résident pendant six ans, même si vous vivez en Espagne.

  • Taux : Impôt forfaitaire fixe de 24% sur les revenus du travail (jusqu'à 600 000 €) et pas d'impôt sur la fortune étrangère.

Héritage et donation : le risque de double imposition

L'émigration vers l'Espagne a un impact direct sur la planification de votre succession. La convention de double imposition entre la Belgique et l'Espagne régit pas les droits de succession et de donation. Il en résulte un risque réel de double imposition.

  • Droits de succession : L'Espagne prélève des droits de succession (Impôt sur le revenu) si l'héritier vit en Espagne (indépendamment de l'endroit où se trouvent les biens) ou si les biens sont situés en Espagne (biens immobiliers). La Belgique prélève également des droits de succession si le défunt est considéré comme résident belge ou s'il lègue (dans certains cas) des biens en Belgique.

  • Impôt sur les donations : Si vous recevez un don en tant que résident espagnol, l'impôt espagnol sur les donations est dû. Plus d'informations ici.

Remarque : Depuis l'introduction de la Règlement européen sur les successions la loi successorale de votre résidence habituelle (Espagne) s'appliquera à votre succession, à moins que vous ne choisissiez explicitement la loi belge dans un testament (choix de la loi). En revanche, sur le plan fiscal, vous resterez soumis aux règles espagnoles.

Que faire en cas de retour en Belgique (Remigration) ?

Si vous décidez de revenir en Belgique, vous redeviendrez résident belge. Les autorités fiscales belges appliquent des règles strictes pour empêcher l'évasion fiscale par le biais de l'émigration temporaire.

  • La présomption réfutable : Si vous êtes resté inscrit au registre de la population belge pendant votre séjour en Espagne, ou si votre famille (partenaire/enfants) a continué à vivre en Belgique, les autorités fiscales soupçonnent que vous n'êtes jamais parti.

  • La règle des deux ans : Vous revenez en Belgique dans les deux ans ? Dans ce cas, l'administration fiscale peut supposer que vous n'avez jamais eu l'intention de quitter définitivement la Belgique ("résidence fictive"). Vous devez alors apporter des preuves tangibles (contrats de location en Espagne, inscriptions des enfants à l'école, factures de consommation) pour prouver que l'émigration était réelle.

Démarches administratives pour la résidence

Vous souhaitez franchir le pas ? Confianz vous guide à travers les formalités administratives pour devenir résident, y compris la demande de NIE, l'enregistrement auprès de la municipalité et l'enregistrement fiscal (modèle 030).

Confianz peut vous assister dans les démarches administratives Devenir résident en Espagne.

Se préparer

Émigrer sans planification fiscale entraîne souvent des charges fiscales inutiles. Une analyse approfondie de la structure de votre patrimoine peut vous permettre de réaliser d'importantes économies.

Foire aux questions (FAQ)

1. Dois-je encore payer des impôts en Belgique si je vis en Espagne ?

Oui, dans certains cas. Les revenus des biens situés en Belgique restent imposables en Belgique. Les pensions du gouvernement (fonctionnaires) sont également souvent imposées en Belgique. Pour la plupart des autres revenus (tels que les pensions privées et les intérêts), la compétence fiscale est transférée à l'Espagne, mais il convient de toujours vérifier ce point dans la convention de double imposition.

2. Que signifie exactement la règle des 183 jours en Espagne ?

La règle des 183 jours stipule que si vous passez physiquement plus de 183 jours en Espagne au cours d'une année civile (du 1er janvier au 31 décembre), vous êtes automatiquement considéré comme résident fiscal. Les absences temporaires (telles que les vacances dans d'autres pays) sont comptabilisées comme du temps passé en Espagne, à moins que vous ne puissiez prouver que vous êtes résident fiscal dans un autre pays.

3. L'impôt espagnol sur la fortune s'applique-t-il également à mon bien immobilier en Belgique ?

Oui. En tant que résident fiscal en Espagne, vous êtes imposable sur votre patrimoine mondial. La valeur nette de vos biens belges doit être déclarée à l'impôt espagnol sur la fortune (si vous dépassez la limite d'exemption) et doit être déclarée au moyen du formulaire d'information Modèle 720.

4. Qu'advient-il de mon assurance maladie lorsque je deviens résident ?

En tant que résident en Espagne et retraité, vous pouvez vous affilier au système de santé public espagnol (Seguridad Social) au moyen du formulaire S1 que vous avez demandé en Belgique. Vous ne serez alors plus assujetti à l'assurance en Belgique, mais vous conserverez le droit de recevoir des soins en Belgique lors de séjours temporaires.

Qu'en est-il de mes soins de santé en Espagne ?

A propos de l'auteur : Glenn Janssens est un avocat spécialisé dans les transactions immobilières et les réglementations fiscales espagnoles. Depuis 2017, il aide les particuliers et les entrepreneurs belges et néerlandais à acheter et à structurer en toute sécurité des biens immobiliers en Espagne. Il guide les dossiers de A à Z : de la due diligence, la propriété et le contrôle fiscal à la planification et l'optimisation successorales pour les résidents et les non-résidents. Grâce à ses années d'expérience, aux centaines de dossiers qu'il a traités et à son souci d'une communication transparente, Glenn rend la législation espagnole complexe compréhensible et applicable de manière pratique pour tout acheteur de biens immobiliers.

 

 

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